La naissance du monde avec A. de Libera

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Les vendredis de la philosophie
par François Noudelmann
le vendredi de 10h à 11h
  Vendredis de la philosophie (les)



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émission du vendredi 22 février 2008
Y a-t-il un commencement ?

 

  Par François Noudelmann
Réalisation: Clotilde Pivin

Tout ce qui existe a un début et une fin. Cette évidence vacille lorsqu'on s'interroge sur le commencement absolu, le départ de l'univers, de la vie ou de l'humanité. Les vieilles questions métaphysiques n'ont pas cessé de nous hanter : qu'y avait-il avant le big bang, la matière a-t-elle été créée à partir de rien, comment ce qui n'est jamais né peut-il engendrer ce qui naît?
Mais il n'est pas besoin d'être métaphysicien pour réfléchir au commencement. Les récits de genèse prolifèrent pour raconter le surgissement des peuples, la naissance de l'amour ou l'avènement de la raison. Ces récits construisent des petites mythologies rétrospectives. Comment y échapper? Si l'on veut penser le devenir peut-on se passer de l'idée de commencement?

  Invités

 
François Flahault.  directeur de recherches au CNRS

 
Pierre Gibert.  exégète biblique

 
Alain de Libera.  professeur à l'université de Genève et directeur de recherche à l'EPHE (Ecole Pratique des Hautes Etudes)
 
     
 
           
des livres à découvrir
 

 
 

 
Alain de Libera
Archéologie du sujet, volume 1
Vrin - septembre 2007
 

Comment le sujet pensant – ou, si l’on préfère, l’homme en tant que sujet et agent de la pensée – est-il entré en philosophie? Et pourquoi? Le “sujet” n’est pas une création moderne. Ce n’est pas davantage un concept psychologique. Moins encore l’invention de Descartes. C’est le produit d’une série de déplacements, de transformations et de refontes d’un réseau de notions (sujet, agent, acteur, auteur, acte, action, passion, suppôt, hypostase, individu, conscience, personne, “je”, moi, Self, égoïté), de principes (attribution, imputation, appropriation) et de schèmes théoriques mis en place dans l’Antiquité tardive (Plotin, Porphyre, Augustin), élaboré au Moyen Âge (Bonaventure, Thomas d’Aquin), puis mis en crise à l’âge classique par l’invention de la “conscience” (Locke). Une histoire de la subjectivité ne peut donc être qu’une archéologie du sujet, travaillant la “longue durée” philosophique – du rejet du “sujet” mental chez Augustin à la redécouverte de l’inexistence intentionnelle chez Brentano, en passant par l’invention du “moi” comme sujet d’action et de pensée chez Leibniz: une histoire de la philosophie du sujet entendue comme histoire du sujet de la philosophie, une “archéologie du savoir” pensée dans l’horizon de “l’histoire de l’Être”. Placé sous le double patronage de Heidegger et de Foucault, ce premier volume expose une méthode, introduit les concepts (périchorèse, immanence psychique, intentionnalité), présente les schèmes (sujet, suppôt, hypostase, personne; attribution, action, inhérence, dénomination) et forge les outils historiques (attributivisme, subjectité) nécessaires
pour construire un premier parcours philosophique et théologique dans les quatre domaines où s’articule la figure inaugurale de l’histoire de la subjectivité: Qui pense? Quel est le sujet de la pensée? Qui sommes-nous? Qu’est-ce que l’homme?

 
 

 
Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink (dir.)
Dictionnaire du Moyen-Age
PUF - 2002
 

Le Moyen Âge est loin de nous. Pourtant, il nous touche et nous le sentons proche. C'est un passé reculé, mais c'est notre passé. Il prête au rêve, voire au fantasme, mais il importe de le découvrir dans sa vérité, car bien des éléments de notre modernité ne se comprennent qu'en remontant à lui. Nous ne pensons pas et nous ne vivons pas comme au Moyen Âge, mais nos modes de pensée et de vie seraient différents si ceux du Moyen Âge ne les avaient précédés et enfantés. Ce dictionnaire se veut une clé pour la découverte du Moyen Âge occidental. Il en explore tous les aspects : l'histoire, la philosophie, la littérature. Chacun de ses codirecteurs a pris en charge l'un de ces grands domaines, dont les problématiques et les enjeux ne cessent de se croiser et de se confronter. L'effort a été à la mesure de l'énormité de la tâche : 380 spécialistes ont été réunis pour traiter les 1 790 entrées de cet ouvrage de 1 600 pages, un système de renvois par des corrélats et un index rendent la consultation aisée malgré ses dimensions et sa complexité.

 
 

 
François Flahault
Adam et Eve. La condition humaine
Mille et une nuits - 14 novembre 2007
 

Qu'est-ce que l'homme ? Depuis près de deux mille ans, la question appelle un commentaire de l'épisode biblique qui met aux prises un homme, une femme, un serpent et un fruit défendu. Loin de se résumer à un péché originel auquel on ne croit plus, l'histoire d'Adam et Ève témoigne, selon Paul Ricoeur, du «fond inexprimé - et inexprimable en langage direct et clair - de l'expérience humaine». Cette histoire est partagée par les trois monothéismes, mais le christianisme en a fait le récit fondateur de son anthropologie générale, propageant ainsi une vision bien particulière, occidentale, de l'être humain.

Il est fascinant de suivre, avec François Flahault, l'élaboration qu'a connue le récit de la Genèse, qui prend vraisemblablement ses racines dans la Préhistoire : comment le récit a été christianisé ; quelle a été l'influence du platonisme, et en particulier celle de l'étonnante histoire des androgynes coupés en deux racontée dans le Banquet. L'auteur nous montre comment le récit de la Genèse, lorsqu'il circulait encore dans un monde «païen», invitait à assumer le caractère problématique et douloureux de la condition humaine, alors que sa lecture chrétienne en fait le premier acte d'une histoire universelle centrée sur le Salut, c'est-à-dire sur le désir de dépasser la condition humaine. L'ouvrage démêle ce qui s'y noue entre mythe, religion et philosophie, et pointe ce que l'on pourrait appeler l'«erreur de Platon».

L'histoire d'Adam et Ève a donné lieu à une controverse sans fin sur les effets du péché originel, optimisme humaniste contre pessimisme augustinien, qui a structuré l'espace de la pensée occidentale. Pour sortir du cercle qui fait obstacle au renouvellement de la pensée, il est indispensable de revenir aux sources de cette histoire antédiluvienne.

- 4e de couverture -

 
 

 
Pierre Gibert
L'inconnue du commencement
Seuil. Coll. La couleur des idées - 4 octobre 2007
 

«Il faut un commencement à tout», dit la sagesse populaire, et elle ne doute pas que les commencements existent et qu'on peut les appréhender sans peine. Pierre Gibert impose ici une évidence exactement contraire : les commencements échappent à la conscience comme à la reconstitution. Que ce soit en psychanalyse, en histoire, en physique, en littérature, en religion..., toujours les commencements sont racontés, décrits, déclarés et interprétés après coup. Et puisqu'il faut bien parler des débuts, les hommes ont inventé des moyens littéraires : «Il était une fois...», «En ce temps-là...», «Au commencement...» et bien d'autres «ouvertures» ; mais surtout ils ont créé des mythes et des récits «de commencement», dont les premiers chapitres de la Bible sont, dans la culture occidentale, le texte emblématique. Ce ne sont pas des récits neutres : leur fonction idéologique, doctrinale, philosophique, biographique et autobiographique est immense. En tout cas, après ce livre, on ne pourra plus dire comme Racine dans Les Plaideurs : «Ce que je sais le mieux, c'est mon commencement» !

- 4e de couverture -


           
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Publié dans La philosophie en vie

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