La sagesse selon François Jullien
François Jullien
Sagesse ou philosophie
Résumé
Selon leur notion initiale, la sagesse demeurerait l'idéal - elle est pour les dieux, reconnaît ostensiblement Platon -, tandis que nous autres hommes ne pouvons qu'y aspirer, ne pouvons que l' " aimer ", aussi serons nous " philosophes ". Mais on sait aussi que la philosophie naissante a relégué, et déjà chez Platon, la sagesse dans l'inconsistance de tout ce qui n'est pas un savoir démontré (ou révélé) ; et ce dédain est allé croissant avec le développement de la philosophie. Car la philosophie grandit, elle peut se targuer d'avoir une histoire, et l'autre non. En conséquence, la sagesse s'est vu traiter à l'envers, non plus en sur mais en sousphilosophie : elle serait une pensée qui n'oserait pas se risquer (pour atteindre l'absolu, la vérité), ou plutôt qui aurait renoncé - pensée molle, sans arête, émoussée, tempérée. Pensée plate, pour tout dire, et purement résiduelle (le lieu commun), stagnant si loin de l'essor fascinant des idées. En passant par la pensée chinoise, mais aussi par Montaigne, notre propos sera de tenter de redonner consistance à la notion de sagesse -, en revenant à l'infraphilosophique à partir duquel a prospéré la philosophie, et sans verser dans ce sous de ce qui n'en serait qu'un sousproduit. source : université de tous les savoirs
voir aussi
François Jullien et la peinture chinoise